Carte postale de vacances

 

Envisageant de faire ultérieurement l'achat d'un Bouvier des Flandres et en vacances dans la région de Brive, je m'y suis rendue le 3 Août pour assister, entre autre, aux jugements de cette race, pensant que c'était une bonne occasion de me faire une idée un peu plus précise de cette race que je connais un peu pour l'avoir côtoyé au cours des quelques expositions auxquelles j'ai participé avec le 2ème groupe.

Munie de mon catalogue, je me place avec d'autres exposants non loin de la table de jugement.

 

On commence par un mâle en classe intermédiaire, puis un autre en classe ouverte (ces 2 chiens se retrouveront ensuite opposés pour l'attribution du CACS).

 

Allers et retours classiques, 1 ou 2 tours de ring aux allures, puis le juge semble hésiter vraiment très longtemps, le choix ne lui paraissant pas évident à priori. Enfin il se décide et récompense le plus jeune.

 

Vient le tour d'une classe champion. Après la présentation et un aller-retour, le juge déclare au conducteur à peu près ceci: « Maintenant, vous savez ce qui vous attend ». Le concurrent entame ses tours au petit trot. 1, 2....6,7,8! Alors soit on cherche à déceler un défaut non visible au néophyte, soit on teste la résistance du chien à la fatigue et à la forte chaleur... Mais comme le juge semble de toute évidence se désintéresser de ce qu'il se passe, on a presque l'impression que c'est le conducteur qui est mis à l'épreuve. Celui-ci, assez âgé, donne des signes de lassitude mais poursuit à la traîne du chien. Après quelques tours de plus, on arrête enfin le manège et on fait rentrer la classe intermédiaire pour l'attribution du CACIB. Et là, rebelote. 1, 2, 3, 4 tours. L'état de fraîcheur n'est pas le même mais la passion restant, tout le monde s'accroche. Le juge n'arrive vraisemblablement pas à se décider (?). Heureusement, il n'y a que 2 concurrents! On ramène tout le monde au centre, on recommence une série de palpations (crâne, poils...) sans pouvoir se déterminer. Les conducteurs doivent commencer à trouver le temps long, regardant les arbres, le bleu du ciel... Erreur! car la classe intermédiaire ose s'asseoir! Est-ce une faute grave envers le standard? En tout cas, la sanction est immédiate, le juge, débarrassé d'un cas de conscience, peut enfin prononcer son jugement et attribue le CACIB à la classe champion. On termine les mâles avec un classe jeune.

 

Pour les mâles le jugement aura duré près de 45 minutes avec 1 sujet par classe...

 

Vient le tour des femelles, soit un lot de 4 en classe ouverte. On se dit que cela risque de prendre beaucoup de temps. Mais là, surprise, on change de méthode: soit la femelle bouvière est très peu résistante soit le juge est macho... à moins que l'heure de l'apéro n'approche! Pas de tour de mise en place, comme cela se fait généralement, on passe directement au statique individuel.

 

1ère candidate: conduite par la personne qui vient de faire un long jogging avec les mâles. Pour l'aller-retour il se fait sèchement rappeler à l'ordre car il part en trottant au lieu de marcher, l'habitude sans doute!...

 

2ème candidat: au centre du ring le juge lui fait des commentaires à voix basse vraisemblablement peu flatteurs sur la qualité du poil du dos (marron délavé); d'ailleurs il en arrache plusieurs « pincées »... il serait d'ailleurs intéressant de savoir comment cela s'est traduit sur la feuille de commentaires! Bonne présentation en statique, très certainement améliorée par les appels répétés d'une personne discrètement placée dans le ring contigu (où s'effectuent encore des jugements). Si je ne me trompe pas, c'est une juge de la région en exercice notamment chez le bouvier des flandres. Je ne connais pas le code de déontologie des juges; mais cela nuit à l'équité des chances: cette personne permet à la chienne de se présenter face au juge dans le sens de la montée. Pour les autres il faudrait appeler de l'autre coté, dos au juge et en descente. Cela ne semble gêner aucun des 3 officiels (les loups...).

 

Après un court aller-retour au petit pas, la chienne regagne sa place; pour les allures on verra plus tard.

 

Le 3ème candidat se fait rappeler à l'ordre lui aussi car il voulait regagner sa place en trottant. Décidément chez ces gens là on ne trotte pas monsieur, on marche monsieur, on marche!

Après le 4ème qui a bien compris la leçon, en piste pour les allures. Tout le monde démarre et là, re-surprise, après un seul tour au petit trot, la 2ème concurrente s'arrête d'elle même et se met de coté à l'ombre, pendant que les 3 autres continuent encore 2 ou 3 tours histoire que le juge puisse apprécier les allures, primordiales, aux dires de certains, pour les races bergères.

Petite présentation générale en statique avec toujours la participation extérieure et vient l'heure du classement...

Alors que le mâle a été sanctionné pour s'être assis, la seconde chienne l'emporte sans jamais avoir pratiquement participé!!! Est-ce pour ménager la chienne ou la conductrice?

Temps du jugement pour les 4 chiennes: un peu moins d'1/4 d'heure... Dans un lot assez homogène il n'y a pas eu l'ombre d'une hésitation. C'est du super rapide! Circulez y'a rien à voir!

A moins que les 3 autres chiennes aient présenté de graves défauts cachés, mais alors pourquoi avoir donné, semble t'il, les réserves de CACS et CACIB et des excellents (rappel: « ne peut être attribué qu'à des sujets de types exceptionnel sans défauts majeurs »). Tous les concurrents affichent des sourires polis de déception, même des spectateurs ont l'air très surpris, sauf une personne qui crie au scandale, que c'est honteux... On lui rappelle que c'est normal, puisque prévu comme ça. Elle savait à quoi s'en tenir en venant ici.

Du coup pour le meilleur de race, le champion mâle est opposé à la gagnante, et après quelques mouvement le juge déclare de manière péremptoire « au moins là il n'y avait pas photo! » en désignant le mâle. Craignait-on d'autres manifestations sonores de mécontentement?

 

Je veux en savoir un peu plus, et jouant les candides, je discute avec quelques personnes qui m'apprennent que le juge n'est autre que le président du club du bouvier et la gagnante... la vice présidente de ce même club! J'apprends aussi que ce n'est pas la 1ère fois que ces jugements donnent lieu à des contestations plus ou moins marquées (je te tiens, tu me tiens par la barbichette?).

 

Je ne suis certes pas qualifiée pour émettre un avis sur la qualité des différents sujets présentés et je sais que l'appréciation de la beauté reste quelquechose de très subjectif. Mais entre subjectivité et «cécité», le fossé est large....

Pourquoi ces différences de comportements dans les jugements entre mâles et femelles et d'un candidat à l'autre, pour un juge qu'on me présente comme très regardant sur les allures et les qualités du poil (critères caractéristiques du bouvier me dit-on)?

Pourquoi ce manque de respect en faisant semblant d'hésiter trop longtemps quand cela ne s'impose pas et à l'inverse en donnant l'impression que la décision est déjà prise?...

 

Ayant appris que quelques personnes essayaient de dénoncer les dérives de certains membres de ce club et ce jugement m'ayant laissé un goût malsain, de retour chez moi, je me permets de vous faire parvenir cette « reconstitution ».

Pour ma part, si l'aventure bouvier me tente encore, je serai sur mes gardes, les femelles devant être considérées comme bien fragiles ou indignes d'intérêt.

 

Jeanne Aymart